Atelier "Le Son des Choses"

Le Son des Choses

En créant l'atelier d'improvisation sonore en 1998, Yuko HIROTA, pianiste classique et compositrice, voulait offrir un espace de découverte du monde qui nous entoure à travers le son des objets quotidiens les plus ordinaires. Dans cet atelier on découvre le son des objets, leur "âme", et on la fait "sonner", et résonner en nous.

Elle répondait en fait à une véritable quête de la réalité cachée derrière les apparences.

Mais pourquoi des objets quotidiens ?

Voici ce que dit à ce sujet Yuko HIROTA :

Peut-on réveiller l'enfant intérieur qui s'est endormi en nous il y a longtemps ? Pourrions-nous vivre dans un espace où ne dominerait plus la compétition, avec sa comparaison permanente, qu'elle entraîne inévitablement et qui inhibe toute spontanéité, et donc toute créativité ?

Nous est-il ainsi possible, en rencontrant des objets ordinaires, de ne plus y voir ces ustensiles qui ne sont là que pour nous servir, dans un univers mental toujours plus étriqué ?

Pouvons-nous à travers une autre approche, celle qui passerait par la découverte du son qu'ils peuvent émettre, de leur "personnalité sonore" pour ainsi dire, découvrir en eux une autre réalité ? En nous libérant des images définitives que nous nous en sommes fait : "Ce n'est qu'un pot de fleurs, c'est simplement un tuyau, ce n'est rien qu'une bouteille (et vide, elle n'est même plus rien du tout)", ils peuvent devenir des instruments inspirants, qui nous libèrent du trop-connu de notre monde unidimensionnel.

Cette découverte du son des choses peut aussi nous permettre de découvrir les voix intérieures de notre personne, authentique et "telle quelle" quand elle ne joue plus aucun rôle. Autrement dit : être soi-même est ce qui nous intéresse. Si nous commençons par chercher à l'extérieur, par l'imitation, par la référence, c'est que déjà, dès le début, il n'y a plus de sens. D'abord laisser parler l'intérieur, même si nous avons une impression de laideur ou de sans-intérêt, laisser résonner même un "monstre" ! Osons laisser se trahir nos voix intérieures.

L'origine profonde du racisme n'est-elle pas là ? Au lieu d'accepter et de chercher à comprendre les existences telles quelles - d'ailleurs tous les existences changent, c'est-à-dire que la découverte de chaque moment est nécessaire - on met tout dans un moule idéal pour notre profit, nos besoins. Sinon, nous n'acceptons plus. C'est, il me semble, la même chose, qu'un jugement par référence à un critère déjà connu. C'est le mécanisme du classement, de la mise en tiroir, déjà tout prêt pour laisser tranquillement s'endormir la créativité et s'enliser le développement de la compréhension de la vie.

La vie me semble une aventure.

Quand on est pris dans ce mécanisme, on est obligatoirement l'objet de l'idéal de l'autre (peut-être un balayeur, tout simplement) et quand nous ne pouvons plus répondre à cette demande, on nous jette comme un objet jetable, parce qu'il y en a d'autres qui peuvent accepter mieux cet esclavage. Alors nous essayons de nous forcer à être comme l'autre le souhaite et nous accumulons une culpabilité sans fin de ne pas y arriver.

Quand j'écoute ma voix intérieure, je suis parfois obligée de répondre "non" par ma résonance intérieure propre plutôt que de résonner à l'autre selon son souhait.

C'est l'inspiration.

Cela implique aussi de dire "non" à cette culpabilité que j'éprouve à ne pas répondre à l'autre, de ne pas répondre à mon image-idéale, cette image dont j'ai pourtant fait un but pour moi-même. Car c'est extérieur à moi, à mon être propre, à ma nature profonde, et cela me menace, m'envahit.

Je suis sujet autonome, pas objet de l'autre. J'ai à vivre une vie innée, qui est ma responsabilité envers cette nature cosmique.

Ainsi, quand le "bruit" devient "habité" par cette résonance, il est son. Il l'est quand on se laisse être soi-même, quand on ne cherche plus à l'extérieur, en voulant imiter, en se comparant à des références, à une autorité. La seule "autorité" est la voix intérieure, qui fait qu'on se voit tel qu'on est, sans condamnation ni approbation, pour l'amour d'elle-même puisque, me semble t-il, dans

l'inspiration seule résonne l'ordre de la nature, du cosmos. Alors on apprend sur le Soi.

Que fait-on dans cet atelier, "Le Son des Choses"?

Dans cet atelier, nous pouvons écouter avec amour un son dont nous ne savons peut-être pas nous-mêmes pourquoi il nous parle là, aujourd'hui, et ceci sans préjugé, sans critique, et surtout sans plus faire aucune comparaison avec des "concurrents", c'est-à-dire avec les autres, ni avec notre idéal sur ce que nous attendons de nous-mêmes.

Laissons résonner en nous le son des choses, sans plus raisonner, c'est-à-dire sans aussitôt juger ce son et donc nous juger, sans vouloir en faire quelque chose, et surtout quelque chose de "beau", et observons ce qui se passe en nous et y vit.

Il y a donc deux rencontres, avec soi-même et avec ce son, dans un moment opportun, kairos en grec, qui nous fait coïncider avec l'ordre cosmique.

Au début cette voix sera sans doute timide, elle n'osera pas s'exprimer, alors embrassons-la, protégeons cette voix avec amour et laissons-nous être timide aussi longtemps que nécessaire, ne la bousculons pas, laissons-nous être tel quel, aujourd'hui, mais écoutons cette merveille avec beaucoup d'attention. Mais pour ceux qui veulent s'exprimer plus clairement, écoutons-les aussi, bien sûr ! Laissons-nous être tel quel aujourd'hui, sans jugement. Mais écoutons notre envie intérieure. Laisser parler la joie, la tristesse, la colère, etc.

Ce son qui nous doit la vie nous la rend en nous ouvrant toujours plus à un vrai dialogue avec les choses, à un dialogue libéré de toute "rentabilité", pour l'amour des choses elles-mêmes. Contemplation et non plus utilisation. N'est-ce pas le vrai commencement de l'Art ?

L'écoute du Silence

L'écoute du silence favorise l'écoute objective de l'espace où nous sommes ici-maintenant. L'écoute de soi-même et de l'autre dans cet espace qu'on partage pour vivre. On écoute l'autre en même temps que soi-même. L'individu communique avec l'autre. On parle beaucoup, mais est-ce qu'on écoute vraiment ? On remplit le silence, parce qu'on a peur du silence, mais pourquoi ? Il me semble qu'on aimerait sans doute rester dans l'illusion, plutôt que de vivre dans cet espace ici-maintenant.

Comment peut-on trouver l'harmonie, en soi-même et avec l'autre ?

Des jeux qui ne coûtent rien pour les enfants

Gavé de jeux sophistiqués, trop colorés par le marketing, qui tuent son imagination, l'enfant est pourtant naturellement capable de trouver ses jeux tout seul. Des jeux gratuits ! Laissons donc travailler sa créativité, au lieu de la lui enlever, pour le seul profit mercantile d'autres adultes... Laissons pousser la curiosité, l'autonomie et l'imagination de l'enfant. C'est alors lui qui nous guidera pour retrouver notre imaginaire, notre enfant intérieur. L'imagination, n'est-ce pas elle qui nous fera trouver des solutions pour la vie ? Ne savons-nous pas très bien que vivre n'est pas facile et que le seul "remède", c'est la créativité ?